Gérard Depardieu rend visite au BRIFF
Le Bruxelles International Film Festival ne fait pas que proposer des compétitions ou des séances en plein air. Il invite ses spectateurs a redécouvrir de grands classiques à travers des thématiques originales telles que « Me, myself and I », ou « Le cinéma subversif ». Consacrée au cinéma corrosif, contestataire et provoc, cette programmation rassemble cinq long-métrages qui ont créé la controverse et bousculé les rangs du 7ème art. Et c’est précisément dans ce cadre que « Les Valseuses » de Bertrand Blier s’est offert une nouvelle projection sur grand écran, depuis le cinéma Palace de Bruxelles. Et qui mieux que Gérard Depardieu pour nous en parler ? |
De passage éclair dans la capitale, l’emblématique acteur s’est fait décoré de la médaille de la ville avant de partager avec les cinéphiles réunis au Palace, ses souvenirs de tournage mais aussi quelques autres confidences à l’image du personnage.
« Ce film a sans doute été possible grâce à notre insolence et notre jeunesse » confie-t-il à Hugues Dayez, après un accueil sous des applaudissements nourris. « Le deuxième film de Bertrand est arrivé après un succès littéraire très fort du roman et on sortait des premiers films érotiques ou d’autres comme Orange Mécanique…. Je ne sais pas si on pourrait encore faire ce genre de film maintenant. » Et il est vrai que le BRIFF ose pousser les portes d’un cinéma plus audacieux et permet aux spectateurs de revoir quelques grands classiques sur grand écran, ce qu’applaudit Gérard Depardieu.
Et en parlant de cinéma, l’acteur nous explique qu’il accorde peu d’importance aux textes, (qu’il récite à présent grâce à une oreillette). Ce sont les gens cultivés et qui ont des choses à dire qui l’intéressent. « Même si Les Valseuses a été fait à une autre époque, il y a encore des choses très intéressantes actuellement. » Certains jeunes metteurs en scène ont d’ailleurs attiré son attention grâce à leurs beaux projets, et certains auteurs belges formidables ont obtenu sa grâce. « Le cinéma fait réfléchir. Ce qui m’intéresse, c’est de vivre le présent, de le partager avec des gens qui font du cinéma, tous ensemble. Un film, c’est comme un orchestre. Toi, tu joues ta flûte mais il y a plein d’autres instruments ! C’est beau de voir un machiniste faire un travelling…Et je trouve très beau quand, dans un film de Guillaume Nicloux, on assiste à un plan séquence où tu peux rester dans le silence, sans rien dire… » |
Pour Gérard Depardieu, le mot « jouer » n’est pas très adapté. « C’est un mot en dehors de moi. Les choses viennent, je fais ce qu’on me demande de faire…Je suis sensible à l’émotion apportée par un film mais elle n’est pas que dans ce qui est amené par les acteurs. Sur un tournage, il y a beaucoup d’énergie, partout et la magie vient de tout ça ! On ne sait pas quand elle va entrer dans le cinéma… » .
D’ailleurs, l’acteur a toujours su se mettre au service de nombreux réalisateurs, qu’ils soient amateurs ou plus chevronnés. Celui qui vient de terminer un tournage avec un certain… Bertrand Blier, nous parle du film de Kervern et Delepine (« Mammuth ») : « Ce que j’ai aimé dans ce film, c’est que son histoire ressemblait un peu à celle de mon père, qui était presque analphabète. C’est un très beau film sur la société et sur l’univers du travail et des travailleurs où on voit un type qui part à la recherche de ses fiches de paie… C’est un road movie poétique et social, et ça, ça me parle ».
Quand Hugues Dayez lui demande ce qu’il pense de ses multiples surnoms, Depardieu répond « qu’il n’y a pas de reconnaissance dans les flatteries. Ce qui compte, c’est l’amour des gens. On ne peut pas refuser un compliment mais ce qui me touche, c’est la vie et les gens ». |
Alors bien sûr, il y a le Gérard Depardieu sensible, celui qui choisit ses films et ne se soucie plus du qu’en dira-t-on. Et il a le Gérard cash, sans tabou, celui qui montre combien il peut se détacher de tout. « J’ai déjà fait ce métier bourré, au théâtre aussi (rires). Les metteurs en scène voulaient du danger, ils en ont eu. Mais maintenant, je ne peux plus faire ça car ça me fatigue et puis, ça me fait chier (rires). »
Ce que l’on retiendra de ce bref passage à Bruxelles ? Une authenticité dans ses propos, une humilité fasse à son travail d’acteur mais aussi et surtout, les paroles d’un homme qui réfléchit avant tout avec son cœur.