Résumé du film : Dans un pensionnat anglais pour garçons, Amberson, un élève maladroit mais imaginatif, aide le beau héros de l’école à séduire, Agnes, la fille du professeur de français invité, bien qu’il en soit amoureux lui-même. Amberson aura-t-il le courage de lui avouer ses sentiments et à affirmer qui il est vraiment ? Avis : Présenté en avant-première au Festival International du Film de Mons après un passage dans quelques festivals internationaux, « Old boys » est une petite comédie fraîche so british comme on les aime. Lumineuse, gentillette, drôle et particulièrement soignée, la dernière réalisation de Toby MacDonald a de quoi amuser son jeune public. Imaginez un collège old school fait de vieilles pierres, isolé dans la campagne britannique. Un pensionnat d’un autre temps qui aurait plu aux étudiants fans de l’école des Sorciers, où le parquet craque et on chaque recoin semble dissimulé le fantôme du passé. Un endroit rigide dans sa discipline comme dans son mode de vie, un dortoir d’avant-guerre où trouver le repos ne semble pas une mince affaire. Ce lieu, c’est Caldermount, un internat anglais très chic pour garçons de bonne famille ou quelques jeunes boursiers. Parmi ses résidents, le jeune Amberson, sorte de mini Hugues Grant, souffre-douleur de ses camarades sportifs à qui tout semble réussir. Bigleux, asthmatique, bon camarade mais raillé de tous, le jeune Amberson subit les épreuves sans jamais se plaindre et notamment les entrainements de « streamers », sorte de rugby pratiqué dans une rivière, sport pratiqué à Caldermount depuis de nombreuses années. Lev » à l’aube par un lancer de seau d’eau, le sympathique mais malchanceux étudiant doit régulièrement aller quérir quelques litres à l’abreuvoir du fin fond du domaine scolaire. Mais lorsqu’il croisera la route de la jeune Agnès, Amberson va non seulement voir son monde ébranler, mais c’est son cœur et son esprit tout entier qui vont se mettre à chanceler. Agnès, c’est la fille du nouveau professeur de français, Monsieur Babinot (toujours très bon Denis Ménochet). L’écrivain en panne d’inspiration se voit confier une mission de quelques mois et espère puiser dans la campagne anglaise les sources d’un nouveau roman. Sa fille, interprétée par Pauline Etienne, lui prête assistance mais n’a qu’un seul rêve : se rendre à Berlin et développer son âme d’artiste. Lorsqu’elle se rend exceptionnellement à la fenêtre de la classe de son père, les garçons de l’école tombent en émoi et la jeune fille n’a d’yeux que pour le beau et élégant Winchester, véritable coqueluche de l’école. Commence un petit jeu de séduction à distance qui aura pour intermédiaire, le gentil Amberson. Plutôt classique, l’histoire ne révolutionne pas le genre et plaira très certainement aux teenagers amateurs de ce type d’histoire plaisante et guillerette. Drôle et rythmée, la petite romance sera ponctuée de quiproquos cocasses mais aussi de jolies trouvailles artistiques qu’on ne pourra qu’apprécier. Les dessins d’Amberson, qui révèlent ses sentiments et rêves enfouis, les vidéocassettes envoyées aux deux tourtereaux, les maquettes d’Agnès et ses bricolages habiles, les gribouillis d’Amberson sont autant de canaux originaux de leurs émotions, des petits trésors que chacun attend avec impatience et qui révèle la beauté de leur candeur. Très différents autant dans leur caractère que dans leurs looks, Amberson et Winchester vont peu à peu révéler un tout autre visage, passant du naïf et serviable étudiant en un amoureux sûr de lui et d’un sportif pédant à un camarade fidèle et chaleureux. Au fil de l’intrigue, les rôles s’inversent et nous comprenons que la compétition n’a plus seulement lieu sur le terrain de streamers mais aussi dans le cœur de la douce Agnès. Intemporelle bien qu’estampillée par le cachet des années 80, l’histoire est portée par un trio admirable et touchant. Il y a bien sûr la jeune comédienne belge Pauline Etienne, le très élégant Jonah Hauer-King (Winchester) et le formidable Alex Lawther (vu dans « The end of the fuck*** world », « Black Mirror », « Imitation Game » ou encore « Goodbye Christopher Robin»). Tous trois s’adonnent à un jeu vaudevillesque amusant où humour pince sans rire et comique de situation s’enchaînent pour le meilleur et pour le rire. Dans les bonnes petites surprises de « Old boys », nous découvrons avec tendresse Nicholas Rowe (le « Young Sherlock Holmes » de notre jeunesse) dans le second rôle amusant du principal du collège de Caldermount bourré de tics et d’envolées lyriques empruntées à Shakespeare ou Darwin. Récompensé par le prix du public au Festival de Dinard, « Old boys » est le petit vent de fraîcheur que l’on attendait dans ce festival montois, un film sans prise de tête, bien ficelé, agréable à regarder, un premier long métrage abouti qui ravit par sa british touch et sa lumière, et surprend dans la tournure de ses événements. Excentrique mais loin d’être excessivement comique, le long-métrage de Toby MacDonald joue la carte de la fraîcheur et de la bonne humeur. Durée du film : 1h36 Genre : Comédie Date de projection : Lundi 18 février (en présence du réalisateur)
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Résumé du film : Un jeune couple d’enseignants, Liv et Malte, a été victime d’une agression tragique et traumatique. Deux ans plus tard, ils ont repris une vie presque normale, ce qui est soudain remis en cause lorsque Malte, qui peine à oublier, rencontre accidentellement le coupable. Avis : « The most beautiful couple » n’est pas, comme son nom l’indique, une douce romance lumineuse qui met en exergue l’amour d’un couple passionné. Au contraire, le film de Sven Taddicken est un thriller sombre où la violence latente éclate au grand jour après une reconstruction difficile de deux victimes. Destiné à un public averti, le long-métrage du réalisateur allemand se retrouve dans la catégorie « Compétition Internationale » du Festival International du Film de Mons. « Comment une chanson peut-elle rester coincée dans ta tête alors que tu la détestes ?» Cette phrase, Malte la prononce lors d’un de ses cours de musique où lycée où il travaille depuis des années. Anodine, elle nous renvoie à l’expérience traumatisante qu’il a vécu et l’obsession qui va l’habiter lorsque son regard va croiser celui de Sascha, le violeur de sa femme, qui, avec deux de ses amis, s’étaient introduits deux ans auparavant dans leur logement de vacances. Alors que Liv et lui ont tenté d’enterrer le souvenir de cette nuit cauchemardesque, apercevoir son bourreau dans son quartier va révéler des douleurs trop longtemps refoulées. Une traque sans relâche va alors débuter, dans laquelle Malte va errer dans la ville à la recherche d’une piste, d’un nom, d’un lieu où trouver celui qui a anéanti sa vie. Sa colère intérieure, muselée par l’attente et les recherches infructueuses, va pouvoir exploser le jour où l’adulescent va recroiser sa route... Si le premier quart d’heure du film nous parait insupportable, les quatre-vingts minutes restantes ne seront pas non plus de tout repos. La violence physique et psychologique qui se distille tout au long du film met nos émotions à rude épreuve. Après avoir difficilement supporté la maltraitance du couple, nous assimilons la douleur des mariés, marqués à vie par cet événement si singulier. Meurtris dans leur chair, ils sont pourtant parvenus à aller de l’avant, soutenus par une thérapie et une complicité a priori inébranlée. En effet, lorsque Malte commence sa traque et confie ses actions à sa jeune épouse, c’est une nouvelle étape brutale qui revient de plein fouet secouer la vie de couple déjà bancale. Peut-on excuser la démarche de Malte ? Ses intrusions et son obsession pour sa propre justice ? Ce règlement de compte fantasmé n’est-il pas plus destructeur que salvateur ? Pris dans un tourbillon de violence(s), on assiste impuissant à la chute vertigineuse de Liv, Malte et Sascha vers un nouveau point de non-retour. S’il nous parait parfois long et oppressant, le film fonctionne notamment grâce à l’intelligence de son scénario mais aussi au jeu impeccable de ses trois comédiens principaux : Luise Heyer (et ses faux airs de Katie Holmes), Maximilian Brückner (très convaincant Malte) et le glaçant Leonard Kunz. Mais ce qui démarque le film de Sven Taddicken des autres films traitant du même sujet, c’est l’importance qu’il accorde à la toxicité des relations, au pardon, au besoin d’aller de l’avant mais aussi à ce besoin de se raccrocher à celui qui a partagé notre traumatisme quitte à occulter les problèmes qui n’ont fait qu’empirer au fil du temps. Très intériorisées, les émotions des personnages parviennent pourtant à transparaître à travers la psychologie finement amenée par le réalisateur et scénariste. Sans tomber dans les clichés, l’intrigue teste en permanence les limites de ce couple brisé et peut-être mal recollé. Anxiogène, intelligent, raisonnable et éprouvant, le film de Taddicken parvient à éviter les effusions dispensables et garde un cap entrepris dès ses premières minutes. Avec sa tension croissante et omniprésente, sa réflexion sur la difficulté de se reconstruire réellement après un traumatisme, les multiples réactions possibles face à son bourreau, « The most beautiful couple » est un film réussi qui marquera les esprits à défaut de les avoir divertis. Durée du film : 1h37 Genre : Drame Titre original : Das schönste Paar Dates de projection : Lundi 18 février à 20h30 (en présence du réalisateur) – Jeudi 21 février à 15h Résumé du film : Pour sauver son Bed & Breakfast de la faillite, Massimo Alberti décide de le transformer en un lieu de culte où les touristes seraient accueillis en échange d’un don. Avec l’aide de sa sœur et d’un idéologue, il crée une nouvelle religion, l’Ionisme. Avis : Voici une belle découverte présentée au festival du film de Mons ! « IO C’E » est une douce comédie à l’italienne signée Alessandro Aronadio. Celle-ci a su nous surprendre par son thème et son apparente simplicité mais derrière ce film faussement léger, de vraies questions philosophiques émergent. Andiamo ! Quelle belle idée de cinéma que ce « IO C’E » ! D’emblée, nous suivons les difficultés financières de Massimo Alberti (Edoardo Leo) qui tente de relancer son bed and breakfast jadis florissant et désormais en perte de vitesse avec la crise financière et les errances dans le domaine économique du gouvernement italien. Lorsqu’en face de chez lui, il aperçoit des cars entier de touristes venus se loger chez les sœurs, le déclic se fait ! Avec le don que donnerait le client pour salaire, l’Etat italien ne pourrait plus autant taxer Massimo ! Mais puisque les différents lieux de cultes refusent le partenariat avec son établissement, pourquoi ne pas se passer d’eux et fonder sa propre religion ? Le « moi-ïsme » ou l’exemple de bricolage spirituel ! Avec sa sœur (Margherita Buy) et un une ancienne connaissance, écrivain de son état (Giuseppe Battiston), Massimo se lance donc dans la conception d’une nouvelle religion. Mais pour atteindra la reconnaissance de leur culte, il faut du concret et ce n’est pas rien ! Tel un brainstorming d’entreprise, les trois associés se réunissent pour choisir un nom, une tenue, et bien sûr un message qui créera l’adhésion. A la croisée des chemins entre philosophie de vie et thérapie de groupe, le « moi-ïsme » proclame que chacun est son propre Dieu. Puisque chacun est à la fois créateur et destructeur, nul n’est au dessus de l’Homme. Responsable de ses actions, il faudra assumer ses pulsions de vie et de mort et ne s’en remettre qu’à soi ! Sauf que si Massimo est plus intéressé par l’appât du gain que par le message de sa religion, rapidement sa communauté grandit, s’organise, se prend en main et développe une foi nouvelle. Tel est pris qui croyait prendre… Très vite, Massimo est dépassé par la tournure des évènements qu’il a provoqués. Autour de lui, les personnes semblent trouver des réponses à leurs questions, du réconfort à leurs tourments et même une fabuleuse joie de vivre. Et c’est précisément sur ce point que « IO C’E » surprend agréablement. Il pose de vraies questions sur l’espérance bien sûr, mais aussi sur la foi et surtout sur le comportement de la foule. Heureusement, point de secte ici, mais il est intéressant d’observer la dévotion des fidèles et le manque de scrupule de cet écrivain, associé de Massimo, qui se verrai bien « gourou » en lisant la mythologie de sa religion, à défaut d’avoir rencontré le même succès lors des lectures publiques de son livre. « IO C’E » est un film rafraichissant mené tambour battant dans ses premières scènes mais s’alourdissant quelque peu en avançant... Il en reste un film maitrisé et agréable à suivre car porté par de bons comédiens qui semblent s’amuser à donner vie à cette idée originale. Durée du film : 1h40 Genre : Comédie Date de projection : le dimanche 17 février à 19h30 (en présence de l'équipe) - François – Résumé du film : Javier voyage dans le temps pour réécrire son dernier rendez-vous avec María, l’amour de sa vie. Il se souvient et revit avec elle le moment où ils se sont rencontrés il y a des années de cela, afin que María redevienne la fille heureuse dont il était tombé amoureux à l’époque... Avis : « Sin fin ». Deux mots de six lettres qui se répondent, un titre mystérieux qui nous annonce une histoire sans fin, où l’amour que se porte Maria et Javier parait être infini. Et pourtant, les premières minutes du film semblent nous montrer le contraire. Lorsque Javier, venu du futur très proche, fait irruption au centre de sa machine à remonter le temps, on se demande les raisons qui ont poussé le scientifique à remonter quelques jours en arrière seulement. Mais bien vite, on comprend que celui-ci ne semblait pas voir la détresse de sa compagne, chez qui toute étincelle de vie s’est définitivement éteinte au fil de leur vie conjointe. Elle qui préfère la scarification dans sa baignoire au dialogue, s’enferme dans une désolation dont elle est incapable de sortir, laissée à elle-même, observant son petit ami partir chaque jour pour créer une chimère dans son laboratoire où elle n’est visiblement pas la bienvenue. De science-fiction à romance il n’y a qu’un pas et les frères Alenda le franchisse avec une aisance qu’on ne peut qu’apprécier. En effet, si le retour de Javier nous laissait perplexe dans ses premières minutes, nous nous laissons guider dans la suite de ses idées, son souhait de faire revivre à Maria leur première journée, celle de leur rencontre dans un bus de nuit qui les a emmenés des années plus tard dans un quotidien où ils sont devenus des étrangers. Au fil de ce road movie en bus, Javier sort des petits souvenirs rappelant cette journée ensoleillée où Maria l’avait emmené voir la mer pour la première fois de sa vie : un carnet, une petite montre pour enfant, une brosse à dents remplie de cambouis, la pièce de théâtre « La mouette » ou encore un dessin griffonné au crayon, tous ont une importance vitale dans leur histoire initiale et on découvre ces petits trésors sous les yeux étonnés de l’héroïne, avec une délicatesse et une tendresse rares dans notre septième art. Au-delà de la romance qui se met en place et de la petite pointe de science-fiction qui n’est qu’un prétexte pour vivre cette heure trente ponctuée de nombreuses émotions, on découvre l’importance du temps qui passe, de celui accordé à l’être aimé, à l’écouter, à l’observer et à vivre à ses côtés. Omniprésente dans de nombreux objets symboliques (la montre gousset, la petite horloge en forme de cœur, les sonneries régulières, …), la notion du temps occupe tout l’espace et se distille en permanence sous nos yeux de façon plus appuyée ou au contraire, plus poétique. On en veut pour preuve les lever et coucher du soleil remplis de lyrisme ou la délicatesse des rayons du soleil qui peignent les visages heureux de ceux qui s’y exposent. L’équipe des frères Alenda n’a, il faut le dire, pas son pareil pour filmer les visages et les regards de ses héros, sublimés par l’incroyable performance de Maria León et Javier Rey, dont les figures sont marquées par les affres du temps, les déterminations ou les rêves avortés. On applaudit la magnifique photographie de Ángel Amorós, remplie de douceur et de lumières qui réchauffent les cœurs. Silencieux dans leur présent pesant, loquaces dans leur passé aux doux souvenirs, ces deux inconnus que le destin a réuni au hasard d’une nuit, ont tous deux bien changé et ont du mal à communiquer malgré la lutte entamée pour éviter une effroyable fatalité qui peut tout ravager. L’illusion vient s’immiscer dans leur vie et, à de nombreuses reprises, occupe, elle aussi, une place de choix dans ce « Sin fin » aussi déstabilisant que poignant. Loin d’être métaphorique, le voyage dans le temps de Javier va faire battre les cœurs, ceux de nos héros du jour mais aussi les nôtres, les remplir d’émotions et nous bouleverser au plus profond. Bref, nous faire sentir vivant et nous faire espérer qu’une issue favorable est possible pour ces deux personnages que nous venons de rencontrer. Si nous ne connaissions rien du travail des frères réalisateurs espagnols César et José Esteban Alenda, « Sin Fin », leur premier long métrage, nous donne envie de nous pencher sur leur filmographie à venir et de découvrir les courts métrages qu’ils ont écrits et réalisés jusqu’ici. Parmi eux, on trouve « La increible historia del hombre si sombra », qui a été récompensé par le Goya du meilleur court métrage d’animation en 2009, un homme qui n’avait peut-être pas d’ombre mais qui, à coup sûr, ne manquait pas de rayonner sous la houlette de deux cinéastes qui sont parvenus à nous faire rêver, mieux, à nous faire vibrer. Durée du film : 1h36 Genre : Drame Dates de projection durant le festival : Dimanche 17 février 15h (en présence du réalisateur) – Lundi 18 février à 15h - Véronique- |